Les vacances d’hiver approchent à grands pas et la saison des sports de montagne avec ! Les médecins sur place doivent redoubler de vigilance et d’efforts car c’est aussi une période où la prise en charge de patients augmente fortement.
Ce qui est sûr, c’est que si les sports d’hiver sont populaires, ils sont aussi source d’activités physiques intenses et entrainent des risques de blessures bien spécifiques.
Pour répondre aux besoins des sportifs, plusieurs spécialités médicales interviennent, de la prévention à la rééducation. Un renfort de médecins en zone de montagne n’est pas négligeable. Alors si vous avez envie de découvrir la diversité des soins en montagne tout en profitant des sports de glisse, c’est le moment d’y trouver un remplacement !
Nous allons voir à travers cet article les différentes pratiques médicales essentielles pour assurer la sécurité et la santé des amateurs de sports de glisse.
La montagne, un désert médical à forte affluence touristique
Une zone sous-dotée de médecins
Comme bien d’autres stations touristiques, la montagne et notamment les domaines skiables font partie des destinations phares de l’hiver. Durant la période de décembre à avril, le nombre d’habitants des stations de ski peut être multiplié par 10. Cependant, malgré la hausse indéniable de la population, le nombre de médecins n’augmente pas en conséquence. Ainsi, on peut compter qu’il y a en moyenne environ 1 médecin pour 5 000 habitants.
Les médecins de montagne se retrouvent à faire face à des pics d’activité touristique sur une période plus ou moins longue et doivent prendre en charge un plus grand nombre de blessés traumatiques. À cela s’ajoutent les travailleurs saisonniers ainsi que le suivi des patients locaux.
Cette densité de population et le manque d’adaptation du nombre de médecins placent ces secteurs, déjà considérés comme isolés, comme des déserts médicaux.
De plus, la spécificité de l’exercice avec ses contraintes environnementales et financières est aussi à prendre en considération. Être médecin de montagne c’est allier médecine générale et médecine de premier recours dont la particularité reste la traumatologie du ski.
Heureusement, les médecins de montagne sont de plus en plus accompagnés et entourés par des confrères aux spécialités variées.
Un exercice spécifique
Comme nous avons commencé à l’évoquer ci-dessus, la médecine de montagne a ses propres particularités. Son environnement abrupt, ses conditions météorologiques et son affluence touristique sont à l’origine d’une médecine adaptative. Il faut savoir slalomer entre les soins de premiers recours, la prise en charge des urgences, la traumatologie et la médecine générale annuelle.
Cependant, même si le médecin de montagne a des aptitudes particulières et certifiées, il est d’abord un médecin généraliste.
Il y a également des médecins de secours en montagne qui sont avant tout des médecins urgentistes. Ces derniers sont des praticiens hospitaliers qui travaillent pour le Samu ou le Smur. Il doit avoir une grande expérience et connaissance du milieu montagnard et des sports qui s’y pratiquent. Grâce à cette qualification, il est intégré à l’équipe qui se déplace en hélicoptère et est autonome tant sur le plan médical que technique, sur des terrains dangereux.
Il peut ainsi « intervenir sur des pathologies spécifiques liées au froid, aux avalanches, à l’altitude, au manque d’oxygène ou au soleil : insolation, gelure, hypothermie, hypoxie, pathologie ophtalmologique, œdème pulmonaire ou cérébral… ».
Il donne son diagnostic et les soins nécessaires à la victime, que ce soit de l’immobilisation à l’anesthésie et décide seul d’une évacuation et de ses modalités.
Une organisation complexe
Afin d’obtenir des soins adaptés à cet environnement, la logistique médicale est de rigueur. On peut alors retrouver un plateau technique qui répond aux premiers besoins comme la radiologie, l’échographie, le matériel d’urgence (oxygénation, intubation, défibrillateur, etc.) ou encore la petite chirurgie. Pour répondre à cette demande particulière, les cabinets médicaux s’organisent en fonction des soins à réaliser.
Par exemple, l’observatoire d’activité de Médecins de Montagne a publié des données permettant de mieux comprendre les types de consultations : « un taux de consultation sans rendez-vous de 75%, des consultations de traumatologie représentant 20 à 40% des consultations totales, et un taux d’hospitalisation inférieur à 4%. »
Ainsi, grâce au diagnostic du médecin de montagne, de nombreuses hospitalisations et nombreux passages aux urgences ont pu être évités.
Tout cela est aussi possible par la mise en place d’une chaine de secours en montagne. Le fait d’avoir une forte coopération entre les pisteurs-secouristes et les médecins permet de mettre en place des protocoles qui aident à « définir le niveau de gravité du blessé et l’orienter en fonction ».
De plus, il faut avoir conscience que les distances vers les centres médicaux, les urgences et les hôpitaux sont éloignés et les temps de trajet longs. C’est pour cela que le médecin de montagne peut aussi bien prendre en charge des urgences vitales que relatives.
L’activité des médecins de montagne
Urgence, accidentologie et traumatologie
Selon le rapport de l’observatoire de l’accidentologie des sports d’hiver, en 2023, 113 200 blessés traumatiques ont été recensés. Parmi eux, 3,8 % ont dû être hospitalisés dans l’immédiat.
L’observatoire a également dressé le profil des personnes accidentées, tous sports confondus : 46 % sont des femmes et 54 % sont des hommes avec un âge médiant de 31 ans. 80 % d’entre eux sont des skieurs.
Les lésions que l’on retrouve le plus sur le terrain sont notamment celles du genou (33,5 %), de l’épaule (10,8 %) et du poignet (9,4 %).
Les blessures les plus courantes sont les entorses, les luxations ainsi que les fractures du poignet ou de la clavicule.
À l’origine de ces blessures, bien souvent ce sont les chutes pendant les activités qui entrainent des traumatismes ou encore des pertes de connaissance. Il peut également y avoir des malaises cardiovasculaires dus à une condition physique mauvaise ou simplement inadaptée. Les glissades sur la neige sont aussi des facteurs de risque.
Ainsi, les principaux gestes d’urgence réalisés sont :
- Les réductions de luxations,
- Les réductions de fractures,
- Les poses de voies veineuses périphériques,
- Les intubations.
Par conséquence et à la vue des différents types de pathologies pouvant survenir avec ces accidents, il est important d’avoir l’avis de chirurgiens spécialisés comme des orthopédistes par exemple.
Rééducation
Une fois les soins d’urgence prodigués après une blessure traumatique, la rééducation devient essentielle. Il faut savoir bien rediriger les patients vers les professionnels de santé ou les centres adaptés à leur besoin. Les kinésithérapeutes spécialisés en rééducation fonctionnelle travaillent avec les blessés pour restaurer leur mobilité et renforcer les zones affaiblies. La rééducation des ligaments croisés, par exemple, peut s’étendre sur plusieurs mois et inclure des exercices spécifiques pour retrouver une pleine amplitude de mouvement et une stabilité. Les équipements de physiothérapie, comme les appareils de renforcement musculaire et les techniques de proprioception, sont fréquemment utilisés pour préparer les patients à retourner en toute sécurité sur les pistes.
La médecine du sport comme moyen de prévention
La médecine du sport a également un rôle à jouer en amont de la saison hivernale. En tant que médecins spécialisés, leurs conseils pour préparer physiquement les sportifs à l’effort intense des sports de montagne sont essentiels. Ces sportifs parfois de haut niveau suivent des programmes d’entraînement qui incluent souvent des exercices de renforcement musculaire et d’équilibre pour prévenir les blessures, comme les entorses du genou. La prévention passe aussi par des conseils sur l’équipement et les bonnes pratiques de sécurité, tels que le port du casque et l’adaptation de la vitesse aux conditions de neige et au niveau de chacun.
Si elle s’adresse évidemment aux grands sportifs, la prévention médicale reste primordiale pour toute la population touristique des stations de ski. À chaque petite blessure, le rôle du médecin de montagne est aussi de rappeler les bonnes pratiques à adopter pour éviter les accidents et se protéger.
Remplacer les médecins à la montagne
Les qualifications nécessaires
Les médecins de montagne sont reconnus comme des médecins généralistes, avec une connaissance approfondie des blessures liées à leur environnement et aux sports qui s’y pratiquent. L’éloignement des hôpitaux et des centres médicaux leur donne un rôle crucial dans la prise de décision. Ils prodiguent les premiers soins et leur diagnostic permet de diriger les patients vers le meilleur parcours de soins possible.
Le médecin de secours en montagne quant à lui est urgentiste. Pour exercer dans les stations, il doit valider une qualification spécifique qui est « la médecine d’urgence en montagne ». Cette formation lui permet d’obtenir toutes les connaissances techniques et médicales liées à la dangerosité du terrain. Il est ainsi en capacité d’intervenir en zone accidentée, de faire face aux conditions climatiques peu favorables, de gérer les moyens de communication mis à disposition et d’évaluer la pertinence et le mode d’évacuation des victimes. Il doit également « réactualiser régulièrement ses connaissances théoriques et leur mise en pratique par le biais de stages sur le terrain avec d’autres intervenants ».
Les besoins
Avec une population qui se démultiplie en saison hivernale, la montagne et les domaines skiables doivent faire face à une forte affluence de touristes. Pourtant, les médecins ne sont pas plus nombreux mais doivent assurer une charge de travail beaucoup plus importante.
Les besoins en renfort sont bien réels. Même si cela requiert d’avoir une forte expérience en milieu montagnard et des connaissances approfondies de certaines blessures, réaliser un remplacement ou simplement aller prêter main forte pendant la haute saison à vos confrères médecins, est une bonne initiative.
Vivre une expérience unique et gagner en autonomie
La médecine de montagne a un double enjeu pour les médecins :
- savoir prendre une décision rapidement pour soigner un patient ;
- connaître la dangerosité du terrain.
Si vous souhaitez remplacer en montagne, il est conseillé d’être un grand amateur de sports d’hiver et de bien connaître cet environnement. Vous devez également vous renseigner sur les différentes formations que vous pouvez et devez faire avant de vous y rendre.
Si vous êtes médecin urgentiste et que vous avez envie d’être médecin de secours en montagne, vous devez vous former. Cette expérience vous permettra aussi de vivre des interventions très variées que l’on ne retrouve nulle part ailleurs :
- Descente de paroi ;
- Crevasse ;
- Canyon ;
- Terrain spéléologique.
Et les conditions pourront être moins agréables : froid, neige, vent glacial…
Mais si vous aimez le travail en équipe, cela vous permettra de découvrir la chaîne de secours mise en place lors de ces interventions. Vous devrez faire appel à des spécialistes-sauveteurs, des pilotes et des mécaniciens d’hélicoptère. Ils vous assisteront dans la préparation de votre matériel comme le traîneau ou l’hélitreuillage de la victime.
Si vous êtes un passionné de la montagne et des sports d’hiver, cette expérience vous permettra d’allier passion et travail. Avec son caractère d’urgence et sa traumatologie particulière, la médecine de montagne vous fera gagner en autonomie sur la prise de décision. Votre responsabilité sera autant engagée qu’ailleurs, mais vous serez le seul à pouvoir poser le premier diagnostic, prodiguer les premiers soins et décider de la prise en charge du patient.
Conclusion
Si être médecin de montagne ne s’improvise pas, il n’en demeure pas moins que les besoins en ressources humaines sont conséquents. Cet environnement difficile apporte beaucoup d’avantages dans la diversité des soins, malgré les challenges dans la pratique.
Mais si vous êtes un grand amateur de sport d’hiver, en bonne condition physique et que vous êtes passionné par ces zones, alors n’hésitez pas à remplacer un médecin là-bas. Ce remplacement vous permettra d’acquérir une grande expérience, tant sur le plan professionnel que personnel car vous mettrez aussi bien votre mental que votre physique à l’épreuve.
Et si vous préférez les régions plus chaudes, pensez également à effectuer un remplacement médical en outre-mer 😉