Médecin en cumul emploi-retraite : quelles conditions ?           

25 mars 2025 -

Il est parfois difficile de décrocher quand on aime son métier, surtout lorsque l’on est médecin et que départ à la retraite rime bien souvent avec désertification médicale.

Accueil » fiscalité » Médecin en cumul emploi-retraite : quelles conditions ?


En effet, ce n’est un secret pour personne et cette situation dure depuis plusieurs années déjà, mais la pénurie de médecins est de plus en plus préoccupante. Le numérus clausus a montré ses limites, et notre pays connaît désormais un manque criant de médecins, toutes spécialités confondues. La démographie médicale s’amincit et l’âge du départ à la retraite se voit naturellement reculer. Entre conscience professionnelle et volonté inébranlable de soigner les patients , les praticiens en âge de transmettre le relais se voient contraints de poursuivre leur activité par manque de successeurs. Cette réalité concernait davantage les zones rurales, mais depuis quelques temps, elle touche quasiment l’ensemble du territoire.

Plus de 80 % de la France est désormais considérée comme un désert médical.

Nous faisons le point dans cet article sur ces médecins en cumul emploi-retraite ainsi que sur les conditions et les plafonds de revenus qui permettent cette poursuite d’activité.

État des lieux

Les médecins retraités : un enjeu croissant

Comme nous l’évoquions plus haut, le vieillissement de la population et les besoins croissants en soins médicaux ont conduit de nombreux médecins à prolonger leur activité après leur départ à la retraite. En effet, un nombre croissant de praticiens, bien que percevant leur pension, choisissent de continuer à exercer sous certaines conditions. Plus précisément, selon l’Atlas de la démographie médicale 2023« les médecins retraités actifs ont très fortement augmenté sur la période 2010-2023, +289 % pour les médecins généralistes (MG), + 238.9 % pour les spécialistes médicaux (hors MG) et + 235.9 % pour les spécialistes chirurgicaux. » Ce phénomène s’explique alors par plusieurs facteurs :

  • la volonté de rester actif ;
  • le besoin d’un complément de revenu ;
  • le souhait de pallier les déserts médicaux.

Le cumul emploi-retraite chez les médecins pour répondre à la pénurie

Parmi les médecins retraités actifs, +51 % d’entre eux exercent en libéral et 43 % sont des généralistes.
Force est de constater que ces praticiens se trouvent principalement dans des territoires sous-dotés en professionnels de santé. Ils permettent ainsi d’assurer une continuité de soins plus que nécessaire. Dans certains départements, les départs à la retraite des médecins traitants entrainent des situations catastrophiques, comme par exemple dans les Hauts-de-France

Mais au-delà de ces circonstances, le cumul emploi-retraite permet également de compléter une pension parfois insuffisante.

Les conditions du cumul emploi-retraite

Pour accéder à ce nouveau statut et ainsi cumuler pension et revenu d’activité, les médecins doivent respecter certaines conditions imposées par la CARMF et l’Assurance maladie. On distingue deux régimes :

  • Le cumul emploi-retraite intégral : accessible aux médecins ayant liquidé leur retraite à taux plein et ayant atteint l’âge légal de départ à la retraite. Ce dispositif permet de cumuler intégralement la pension et les revenus professionnels, sans limitation.
  • Le cumul emploi-retraite avec limitation de revenus : concerne les médecins n’ayant pas rempli toutes les conditions pour une retraite à taux plein. Dans ce cas, le total des revenus d’activité et de la pension de retraite ne doit pas dépasser un certain plafond. Si les revenus dépassent le plafond autorisé, le versement de la retraite est suspendu à concurrence du dépassement selon des conditions déterminées par un décret.

Cependant, il existe une exception à la limitation de revenus. Comme le précise la CARMF « Les revenus tirés de la participation à la permanence des soins ou, sous certaines conditions, des activités juridictionnelles, artistiques, littéraires, scientifiques ou consultatives ne sont pas soumis à limitation. De plus, les médecins exerçant en zone dite sous-dense (fixée selon décret par l’ARS) ne sont pas soumis au respect du plafond du cumul limité. »

Les cotisations sociales URSSAF et CARMF pour les médecins retraités

Calcul des cotisations

Un médecin retraité qui poursuit une activité professionnelle reste redevable de certaines cotisations sociales auprès de l’URSSAF et la CARMF. Parmi elles :

  • Les cotisations maladie-maternité
  • La contribution aux allocations familiales
  • La CSG et la CRDS
  • La cotisation vieillesse 

Base de calcul des cotisations sur les revenus 2023 en cas de poursuite d’activité
Régimes Assiette Taux et montants
Médecins Caisses maladies
Base(1)
(provisionnel)
Revenus nets d’activité indépendante 2023  (2) :
– tranche 1 : jusqu’à 47 100 € (1 PASS(3))
– tranche 2 : jusqu’à 235 500 € (5 PASS(3))
8,23 %
1,87 %

Complémentaire vieillesse Revenus nets d’activité indépendante 2023 dans la limite de 164 850 € (3,5 PASS(3)) 10,20 %
ASV Part proportionnelle sur les revenus nets d’activité indépendante 2023 – secteur 1
maximum
– secteur 2
maximum
3 %
1 852 €
9 %
5 556 €
3 704 €

Part d’ajustement
Revenu conventionnel net de 2023 plafonné à 5 PASS(3):
– secteur 1
– secteur 2
1,2667 %
3,80 %
2,5333 %
0 %

(1) Compte non tenu de la participation des caisses maladie à la cotisation des médecins en secteur 1 (compensation CSG).
(2) Les cotisations provisionnelles sont recalculées en fonction des revenus nets d’activité indépendante 2023 lorsque ceux-ci sont connus.
(3) PASS = plafond annuel de Sécurité sociale : 47 100 € au 1er janvier 2025.

Source : ce tableau provient du site www.carmf.fr

Suppression des exonérations

En février 2025, l’exonération des cotisations vieillesse pour les médecins libéraux en cumul emploi-retraite a été supprimée par la commission des affaires sociales de l’Assemblée Nationale. Cette mesure, appliquée en 2023, avait pour but de lutter contre la désertification médicale en incitant les médecins retraités à poursuivre leur activité. Cependant, son efficacité a été remise en question puisque le nombre de praticiens retraités a baissé cette même année.

Il est important de noter que les cotisations versées dans le cadre du cumul peuvent être déduites de la même manière que les cotisations versées avant la retraite.

Acquisition de droits

Pour le régime de base, depuis le 1er janvier 2023, les médecins en cumul retraite/activité libérale peuvent « acquérir des droits au régime de base en échange de leur cotisation à condition d’exercer en cumul intégral, c’est-à-dire d’avoir liquidé leur retraite de base à taux plein et d’avoir liquidé l’ensemble de leurs pensions de base et complémentaires en France et à l’étranger. »

Ainsi, ces droits ont un montant plafonné qui ne devra pas dépasser 5% du plafond annuel de la sécurité sociale « soit environ 2 355 € avec le PASS 2025 fixé à 47 100 €. » 

Attention : Dans le guide de la CARMF , il est bien précisé qu’ «En cumul, les médecins ne sont plus couverts par le régime invalidité/décès. Cependant, des indemnités journalières peuvent être accordées au médecin en cumul du 4e au 60e jour d’arrêt de travail par l’assurance maladie (CPAM). Cette indemnisation est régie par des règles spécifiques, distinctes de celles de la CARMF. »

Il est donc essentiel pour les médecins retraités en activité de bien anticiper ces charges afin d’optimiser leur gestion financière.

Le plafonnement des revenus par la Sécurité sociale

Lorsque le cumul emploi-retraite est plafonné, les revenus d’activité ne doivent pas excéder un seuil défini chaque année. En cas de dépassement, la pension de retraite peut être suspendue ou réduite. Il est donc crucial pour les médecins retraités de bien gérer leur activité afin de ne pas excéder ce plafond.

Pour mieux comprendre, voici les modalités du cumul données par la CARMF : 

Percevez-vous le régime de base à taux plein ? Avez-vous liquidé toutes vos retraites obligatoires ? Cumul
Oui Oui Intégral
Non Plafonné à 47 100 € par an (1 PASS) sauf exception(*)
Non Plafonné à 47 100 € par an (1 PASS)

Source : ce tableau provient du site www.carmf.fr

L’avantage des remplacements médicaux pour ne pas dépasser les plafonds

Pour éviter de franchir ces limites de revenu, les médecins retraités peuvent privilégier les remplacements médicaux, qui offrent plusieurs avantages :

  1. Flexibilité : ils choisissent leurs périodes de travail et maitrisent ainsi leurs revenus sur une année civile.
  2. Optimisation fiscale et sociale : en exerçant sous forme de remplacement, ils peuvent mieux contrôler leurs cotisations et charges sociales.
  3. Réponse aux besoins des confrères : de nombreux médecins installés cherchent des remplaçants, notamment durant les périodes de vacances.

Pour ceux qui souhaitent remplacer dans le cadre de la permanence de soins, deux options s’offrent à eux :

  • demander son affiliation à la CARMF ;
  • opter pour l’offre simplifiée pour les médecins remplaçants si les revenus générés par l’activité de remplacement ou de régulation n’excèdent pas le plafond fixé à 19 000 € d’honoraires bruts par an. L’ensemble des charges sociales, y compris celles de la CARMF, sont recouvrées par l’URSSAF.

Enfin, des plateformes de gestion de remplacement, comme Swing Santé, permettent aux médecins retraités de s’inscrire gratuitement et de trouver facilement des offres adaptées à leur situation et leur besoin. Grâce à la simplification administrative, ils peuvent également gérer leur activité en toute sérénité.

Conclusion

Le cumul emploi-retraite est une solution avantageuse pour les médecins retraités souhaitant prolonger leur activité tout en bénéficiant de leur pension. Cependant, il est essentiel de bien connaître les plafonds de revenus imposés par la Sécurité sociale et de gérer ses cotisations à l’URSSAF pour éviter toute mauvaise surprise.

Les remplacements médicaux apparaissent alors comme une alternative idéale pour conserver un revenu complémentaire sans risquer de voir sa pension réduite. Grâce à des outils comme Swing, les médecins gagnent du temps pour organiser leur activité et continuent à exercer dans les meilleures conditions.