Le dossier Swing : Quel avenir pour la médecine ? #1

4 mars 2024 -

La médecine est une discipline qui ne cesse d’évoluer au fil des années et ce, depuis des siècles. Tout comme la technologie qui est de plus en plus poussée, la pratique médicale continue d’être plus précise et performante.

Les techniques, les analyses, les diagnostics, les outils, les professions… tout ce qui a trait au milieu médical connaît des avancées fulgurantes.

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Mise en contexte

Si au XIXe siècle, la durée de vie moyenne en France ne dépassait pas les 37 ans, en 2020, on peut aisément espérer vivre jusqu’à 80 ans.

Même si en 2022 l’espérance de vie sans incapacité à 65 ans a connu une régression, elle n’en demeure pas moins en amélioration depuis 2008. C’est ce que nous rapporte l’article L’espérance de vie en bonne santé recule en France, publié dans Les Échos en décembre 2023 « En moyenne, les femmes vivent en bonne santé 1 an et neuf mois de plus qu’il y a 15 ans, tandis que c’est 1 an et 6 mois de plus pour leurs homologues masculins. »

La qualité de vie a également progressé au fil des siècles.

Nous sommes alors témoins de cette société en perpétuel mouvement. A l’heure de la course à la productivité et au développement, les rythmes de vie s’accélèrent et la technologie poursuit sa conquête de notre quotidien.

Parallèlement, à l’heure où nous rédigeons cet article, le système de santé français connaît une crise sans précédent. Pénurie de médecins, parcours universitaire difficile, déserts médicaux, manque de moyens pour les hôpitaux, suppression de services, hausse croissante de burn-out chez les médecins… la liste des problématiques à traiter est longue.

Mais alors, on peut légitimement se demander, au vu des évolutions sociétales et technologiques, quel est l’avenir de la médecine ? Comment serons-nous soignés dans les prochaines décennies ? 

Nous avons mené notre enquête sur le sujet et réalisé une veille technologique afin de décrypter les enjeux de la santé de demain.

À travers cet article, nous allons parcourir ensemble une liste non exhaustive des nombreuses pistes d’exploration qui pourraient faire évoluer la pratique médicale. Même si certaines incertitudes persistent, ce dont nous sommes sûrs, c’est qu’il y aura des évolutions majeures qui se feront sur la durée !


1. Les changements sociétaux

Dans un premier temps, nous pouvons facilement envisager que certains phénomènes actuels en lien avec l’évolution de notre société apporteront des changements et une adaptation de la médecine future.

a. Le vieillissement de la population

D’après le rapport d’ouverture n°13 du 9 février 2023 publié par le gouvernement, “dans les dix prochaines années le nombre des Français, au féminin et au masculin, âgés de 75 à 84 ans, va augmenter de 50 % [exactement 49%] entre 2020 et 2030, passant de 4,1 millions à 6,1 millions.

Nous savons également que le taux de natalité est en baisse depuis 2010, selon ce même rapport.

Ces données prospectives nous permettent d’ores et déjà de comprendre les grands enjeux médicaux de demain. Nous pouvons imaginer que la santé des personnes âgées prendra une place importante dans le paysage médical. Les soins dédiés au 3ème âge prendront de l’ampleur dans l’activité quotidienne des médecins, notamment pour les médecins généralistes.

b. Évolution concomitante : augmentation des maladies graves et nouveaux traitements

Comme évoqué ci-dessus, le vieillissement de la population française apportera également son lot de maladies liées à la vieillesse. C’est ce que nous explique dans cet article de Sciences et Avenir François BOURSE, Directeur d’études à Futuribles, un centre d’études prospectives : « La génération du baby-boom aura entre 80 et 90 ans. C’est une population qui devra faire face à des pathologies multiples, à la dépendance et à Alzheimer.  » 

Cependant, chez Swing nous avons, lors de notre veille quotidienne, l’occasion de voir les avancées en matière de recherche médicale sur des pathologies comme Alzheimer, Parkinson ou encore le cancer. Parmi les révolutions médicales, on peut citer l’immunothérapie, apparue dans les années 90 et qui connaît depuis 2010 un essor phénoménal dans le traitement des cancers d’après l’Inserm. Il est indéniable que la médecine de demain permettra à terme d’apporter une meilleure prise en charge de ces maladies. Que ce soit pour en améliorer la prévention, le traitement ou la guérison.

Par exemple, la recherche pour lutter contre le sida ne cesse de progresser depuis 30 ans et de nouvelles possibilités de prise en charge voient le jour. Que ce soit la trithérapie ou l’immunothérapie, la qualité de vie des personnes atteintes a pu s’améliorer. Des chercheurs se concentrent également sur le développement d’un vaccin.

Grâce à la recherche continue, pourrait-on imaginer un monde sans VIH au siècle prochain ? Cette hypothèse ne semble plus si insensée.

c. La qualité de vie

En 2020, la satisfaction de vie menée par les plus de 16 ans en France atteint une moyenne de 7,2/10 (Rapport Insee). Cette étude menée sur plusieurs facteurs permet également de mettre en évidence des problématiques liées à la santé.

En effet, on y apprend que “le niveau de satisfaction décroît fortement en cas de dégradation de l’état de santé”. Au-delà de la maladie, on pourrait se demander si ces personnes dont l’état de santé est dégradé donnent cette note par rapport à leur prise en charge médicale. Ce sujet est également un axe d’amélioration à prévoir, notamment en prenant en compte le vieillissement de la population et les pathologies que cela peut entrainer.

Par ailleurs, l’un des enjeux prioritaires à l’heure actuelle en France est la santé mentale. La politique de santé mise en place cible le bien-être de la population, qui, comme nous avons pu le voir dans l’article du Figaro Santé, est en déclin.

À court terme, on peut alors penser que toutes les aires thérapeutiques liées à la psychiatrie et à la psychologie seront davantage sollicités.

Pour continuer à améliorer la qualité de vie des Français, la santé mentale et l’accompagnement des personnes âgées feront probablement partie des principaux défis à relever par notre système de santé.


2. Le système de santé

Notre système de santé se retrouve confronté à de nouveaux enjeux auxquels il faut apporter rapidement des solutions. Certaines, comme la fin du numérus clausus par exemple, doivent être mises en place dès maintenant pour obtenir des résultats visibles dans plusieurs années.

a. Fin du numérus clausus et perspectives d’avenir

Le numérus clausus, présent depuis 1971 dans notre société, a réalisé son rôle de l’époque : limiter le nombre de médecins. Cependant, ce dernier a entraîné sur le long terme une pénurie de médecins. Nous sommes actuellement confrontés à des effectifs de médecins libéraux et salariés qui n’ont pas augmenté depuis une quinzaine d’années alors que la population s’accroit et vieillit, et que les médecins avancent en âge – nombreux sont ceux qui partent à la retraite. S’ajoutent à cela les déserts médicaux qui ne se limitent plus aux zones rurales mais qui gagnent également les zones urbaines.

Grâce à la levée de ce numérus clausus qui a pris effet en 2020, le nombre de médecins en formation se voit augmenter et apportera une réponse à la pénurie.

Il n’en demeure pas moins que les études de médecine sont longues et que nous ne verrons les effectifs de médecins augmenter que d’ici une dizaine d’années.

D’ici là, la médecine connaîtra des évolutions majeures et les espoirs pourraient se porter vers d’autres moyens pour pallier le manque de médecins.

b. Évolution démographique des médecins

D’après le dossier N°76 de la Drees publié en mars 2021, les nouvelles générations ont tendance à se spécialiser et font diminuer le nombre de médecins généralistes.

On retrouve également une forte féminisation de la profession qui devrait continuer de s’accroître dans les années à venir.
On compte à ce jour 50% de femmes médecins, dont 49% sont des médecins généralistes.
Selon une autre étude de la Drees publiée en 2017, elles devraient représenter 60% des médecins d’ici à 2034. 

Enfin, une diminution de l’exercice libéral prédite dans cette dernière étude se confirme dans son dossier de 2021 l’exercice libéral se raréfie ; les médecins sont de plus en plus nombreux à choisir un exercice mixte, combinant des activités libérales et salariées”.

Ainsi, les données de projections indiquent qu’à l’horizon 2050, les médecins choisiront principalement un mode d’exercice salarié.

c. Les déserts médicaux 

Les déserts médicaux en France font partie des préoccupations du Ministère de la Santé. Le gouvernement tente de mettre en place des politiques territoriales qui permettraient d’apporter des solutions. Cependant, elles ne correspondent pas forcément aux attentes des médecins libéraux, actuels et futurs. Et la situation reste complexe. Comme évoqué plus haut, entre la pénurie de médecins qui ne sera pas comblée avant au moins une décennie, une population de médecins vieillissante, et des jeunes diplômés (dont 75% de médecins généralistes) qui s’installent dans la région où ils ont effectué leurs études de médecine, il semble difficile de trouver une solution rapidement.

Il faut également prendre en compte le rapport établi par le CNOM qui identifie grâce à une étude, les différents facteurs d’installation des médecins.

La décentralisation des lieux de formation de médecine pourrait être une piste à envisager pour faire évoluer cette situation, mais cette option demande un temps de réalisation long et n’apportera pas de résultat avant de nombreuses années.

On constate alors que les défis liés au système de santé prennent une place importante dans le paysage médical. De nombreux facteurs doivent être pris en compte afin de le faire évoluer et d’apporter un accès aux soins à l’ensemble de la population. D’ici là, les nouvelles technologies auront peut-être permis d’apporter d’autres solutions.